Tout commence par un train raté. A force de nous répéter que nous avions notre train pour Calcutta le 5 février, nous avons fini par nous présenter en gare le 4 au soir pour enregistrer notre vélo et voir notre train partir sous nos yeux. A ce moment là nous nous sommes sentis très mal à l’aise. Non pas pour la perte de nos places en 2e classe (réservées bien comme il faut 3 mois à l’avance), mais vis à vis de nos amis qui s’étaient donnés tant de mal pour que nous puissions l’avoir ce train: ils étaient même allés jusqu’à venir nettoyer notre appartement avant que nous rendions les clefs! Alors, pour ne pas perdre la face, nous avons couru dans tous les sens pour pouvoir respecter un minimum notre planning. Nous nous sommes présentés à 8h du matin en gare le 5 février pour acheter des tat kals, places de dernière minute, pour le train du lendemain et avons pris un billet pour notre tandem. Il était prévu que notre vélo arrive de son côté à Calcutta (par on a jamais vraiment compris quel chemin) 15 jours plus tard. Et c’est là où la magie indienne opère toujours: quand on l’attend le moins! Lorsque nous sommes arrivés à Calcutta le dimanche 8 au matin, notre tandem nous attendait sur le quai de gare. Mais là, nous grillons les étapes. Donc billets achetés, nous passons ensuite 3h à démonter et emballer notre précieux engin, qui ressemble ensuite à la fin plus à une arme de guerre qu’à un vélo.
Nous avons passé 30 heures dans le train. 30h à jouer au yams, manger des chips et des samosas, boire du chai, lire, dormir, regarder le paysage, discuter avec nos voisins, jouer au yams, manger des chips et des samosas, boire du chai, lire, dormir, regarder le paysage, discuter avec nos voisins, jouer au yams...Et l’Inde du sud est petit à petit passée derrière nous pour de bon et l’Inde du nord est apparue. Nos voyages dans le nord ont toujours été jusque là un peu trop sportifs pour nous. On entend sportif par: épuisant, bruyant, choquant! Bref, on en n’est jamais ressorti indemne et l’arrivée en banlieue de Calcutta nous a tout de suite rappelé où nous nous apprêtions à mettre les pieds. Le train a fait 3 arrêts dans la périphérie de la ville avant son terminus: Howrah. A chaque stop, des dizaines de gamins, nus pieds, habillés de haillons, sautaient dans les wagons pour ramasser les bouteilles d’eau minéral vides. Après les chiffonniers, les gypsies qui réveillaient les derniers dormeurs avec leurs chants, leurs tamtams et les clochettes accrochaient à leurs pieds. Ce bal des misérables nous a fait perdre toute vitalité jusqu’à l’arrivée des vendeurs de chai. Surprise, le liquide n’était plus distribué dans des simples gobelets en plastique mais dans des petits pots en terre cuite: plus de doute, nous étions à Calcutta.
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