Pour atteindre le village flottant de Kompong Luang, nous avons roulé plus de 140 km depuis Battambang. Nous avons fait étape à Pursat, une ville sans prétention dont nous n’avons pas grand chose à dire. Par contre, nous devons mettre l’accent sur la journée que nous avons passée sur la route avant d’atteindre cette ville! Le 2 avril 2015, nous avons parcouru 106 km et nous nous en souvenons bien! Après une grosse pause déjeuner passée dans une gargote à manger du riz à la sauce soja au milieu de cambodgiens étourdis par l’alcool (la bière... véritable fléau; il faut voir le nombre de canettes vides sous les tables à travers tout le pays!), nous avons été surpris par la pluie, où plutôt par un orage, disons même un déluge à 16h30. Nous sommes restés bloqués sous un hangar à voir la pluie et le vent se déchainer jusqu’à la tombée de la nuit. Nous avons commencé à envisager de dormir sur place devant nos amis qui n’approuvaient pas du tout l’idée et se sont précipités sur leur vélo à la première accalmie. Nous avons eu du mal à les suivre sur les 15 derniers kilomètres, ils avaient le flair les gaillards, nous avons eu le meilleur hôtel du voyage pour 6 $ la nuit! Le Cambodge est très certainement le pays le plus homogène d’Asie du Sud-Est. Sur une population de 15 millions d’habitants, 90 % sont d’origine khmère, 5% sont d’origine vietnamienne, 3% sont d’origine cham, 1% sont d’origine chinoise et 1% représentent les minorités ethniques. Rejetés et massacrés par les Khmers rouges, de nombreuses communautés vietnamiennes ont trouvé refuge à l’écart de la société sur les eaux du Tonlé Sap, le plus grand lac d’eau douce d’Asie du Sud-Est (2 700 km² en saison sèche et 16 000 km² pendant la saison des pluies). Nous sommes allés à la rencontre d’un village de pêcheurs d’origine vietnamienne. L’expérience fut à la fois magique et quelque peu répugnante. Nous avons abandonné nos tandems sur les berges et avons rejoint en bateau la maison flottante d’une famille chez qui nous nous sommes installés pour la nuit. Nous avons loué une barque et sommes partis tous les quatre nous promener à travers les ruelles aquatiques de cette Venise asiatique. Commerces ambulants, lessive, douche, poubelle, cour de récréation, pêche,... un nombre incalculable d’activités en tout genre se passent sur ce lac aux teintes vertes fluo. Nous avons observé la vie des villageois se dérouler sous nos yeux et nous sommes rentrés, les femmes à la pagaie! L’endroit était tellement photogénique et envoutant au coucher du soleil que nous avons pris plus de 200 photos! Observer c’est toujours facile et agréable! Vivre les choses c’est beaucoup plus dure! Lorsqu’il a fallu nous doucher avec l’eau du lac qui stagnait dans des gros tonneaux dans lesquels nous pouvions voir une épaisse couche d’algue verte nous avons serré les dents. A la fin de nos douches, pour réalimenter les citernes en eau, le propriétaire des lieux a pompé l’eau du lac (au niveau des toilettes) en filtrant les déchets avec un tissu en coton. Pas de chichi en voyage d’accord mais nous avons nos limites! L’hygiène, le traitement de l’eau et la gestion des déchets, des défis majeurs pour le futur de cette communauté!
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