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Coups de gueule à Dunhuang

On sait qu’on est arrivé à Dunhuang lorsque, après de longues heures passées sur l’autoroute du désert, surgissent de nulle part de gigantesques dunes de sable qui s’étendent aux pieds de l’oasis verte que forment les plaines cultivées de la ville. Nous avons mis pied à terre à Dunhuang dimanche 26 juillet dernier, petit clin d’oeil au Tour de France, Alexandre portait son maillot jaune. Notre première épreuve fut de renouveler nos visas chinois. Nous nous sommes tout d’abord heurtés au “NO” catégorique des officiers de police qui nous ont reproché de nous y prendre “at the last minute”. Après d’interminables négociations, les yeux bleus d’Alexandre sont devenus très noirs et Solenne a sorti notre dernière cartouche: “I call my embassy”. C’est alors avec soulagement que nous avons aperçu les premiers signes de coopération de nos réfractaires. L’obstination paie toujours: mardi 28, nous avons pu trinquer à nos nouveaux tampons sur nos passeports. Le tourisme en Chine.... Aaahhhh... Le tourisme en Chine.... Nous avons compris ces dernières semaines pourquoi 1/ les chinois sont complètement perdus Gare de l’Est à Paris, pourquoi 2/ ils se déplacent toujours à vingt. Le touriste chinois aime être pris par la main, ne jamais marcher seul, suivre un groupe, une guide et son drapeau, porter un grand chapeau de plage à fleurs (le même que celui de son voisin) et surtout, surtout, payer très cher pour se sentir surveillé. On ne sait jamais, de l’autre côté des barrières de sécurité, la liberté pourrait le dévorer. Le gouvernement met donc tout en œuvre (et débourse des sommes astronomiques) pour maintenir les touristes chinois dans leur cocon. Ainsi à Dunhuang, les dunes sont soigneusement entourées de barrière, de fil barbelé et de caméras et leur visite est facturée 20 euros. Seriez vous prêts à payer 20 euros pour visiter la dune du Pilat? Nous en profitons pour saluer l’Inde, pays qui chiffre bientôt plus d’habitants que la Chine, où les sites naturels sont gratuits et accessibles par tous. Nous avons donc décidé de boycotter ce tourisme élitiste et braver les interdits chinois en nous glissant sous les fils barbelés (aucun barbelé n’est infranchissable), toucher le sable et atteindre la solitude et la liberté. Nous avons par contre rangé notre orgueil et sorti quelques billets pour la visite des grottes de Mogao. De 366 après notre ère au XIVe siècle, 735 grottes érémitiques, dont 492 recouvertes de statues bouddhiques et de peintures murales, ont été creusées sur le flanc est des monts Mingshan, sur une longueur de plus de 1700m. Ces grottes, d’une beauté à couper le souffle, retrace la vie de la route de la soie et des commerçants et pèlerins qui ont construit l’histoire. En 1900, un trésor, composé de plus de 50 000 manuscrits écrits en sanskrit, en hébreu, en chinois, en uyghur.. datant du IXè Siècle a été découvert dans une des grottes et racheté (en partie) par des explorateurs français et britanniques. Si le site, remis à neuf pour le préserver, peut paraitre désolant: “Ils ont encagé Bouddha. Coulé le Gautama sous le béton. Livré l’Eveillé en pâture aux visiteurs.” comme le décrit Sylvain Tesson, les quatre heures de visites ont réussi à nous faire voyager dans le temps. Jeudi 30 juillet en fin d’après-midi nous avons repris la route, tournant le dos à la province du Gansu, mettant le cap vers la région autonome ouïgoure du Xinjiang, également appelée le Turkestan oriental. Il était 20h en Chine, nous roulions vers le nord-ouest, nous roulions face aux derniers rayons du soleil, nous roulions avec une grosse bouffée d’énergie mélangée à la nostalgie, nous roulions vers la France.



KM PARCOURUS EN TANDEM :

1  3  2  5  1

 

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