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Petit retour en arrière au nord Vietnam

Les nombreuses machines agricoles aperçues sur les routes chinoises nous ont remémoré les populations du nord Vietnam que nous croisions en chemin il y a déjà plus de deux mois. Pour elles aussi il devait être l’heure de récolter le maïs, mais malheureusement, dans ces contrées escarpées tout doit se faire à la main. Lors de notre passage à Hanoï, nous avons rencontré Eric, un jeune agronome canadien, menant des projets de recherche sur la culture du manioc au Vietnam. Nos longues et passionnantes discussions avec Eric nous ont permis de mieux comprendre la situation agricole que nous observions. Tout au long de notre route, nous étions stupéfaits de voir les paysans cultiver le maïs et le manioc sur des pentes escarpées, ne plantant parfois que quelques pieds entre les rochers, de-ci de-là. Nous nous demandions alors pourquoi ces populations étaient elles venues s’installer dans des zones si reculées. La réponse est simple, il n’y avait plus vraiment de place ailleurs. Leur répartition géographique correspond en effet à leurs vagues d’immigration successives et donc au principe du “premier arrivé premier servi”. Ainsi, les minorités Thaï, dont l’implantation serait la plus ancienne, se concentrent principalement dans les zones basses et les vallées où ils pratiquent la riziculture. L’ethnie Dao, arrivée plus tardivement, occupe des terres situées généralement entre 300 et 800 m d’altitude, sur lesquelles elle cultive le riz, le maïs et pratique l’agriculture. Les Hmong, venus de Chine quelques siècles plus tard, ont du se contenter des terres escarpées, situées entre 900 et 1800 m d’altitude. Ils pratiquent traditionnellement la riziculture sur brûlis. Enfin, également originaire de Chine, et arrivés entre le 15ème et le 18ème siècle, les Lolo, n’ont pas eu d’autre choix que de s’installer sur les crêtes élevées. A la fin du 20e siècle, l’agriculture vietnamienne est passée d’un système agricole collectiviste à un système d’exploitations privées qui entraina une augmentation rapide de la productivité agricole et une diminution de la pauvreté. Cependant, cette amélioration n’a pas été uniforme à l’échelle du pays. Il est facile d’imaginer que les rendements d’un hectare de terre dans les plaines du Fleuve Rouge ne sont pas du tout comparables à ceux d’un hectare de terre dans les provinces montagneuses du Nord Vietnam, où l’utilisation de machines agricoles est inenvisageable! Les populations des zones montagneuses souffrent d’une grande pauvreté due à la faible productivité agricole qu’ils tirent de leurs terres et malgré les efforts des chercheurs et du gouvernement, ces disparités risquent de ne pas s’effacer de si tôt. En effet, Eric nous confia que la situation actuelle des sols, du fait de l’érosion, est dans la plus part des cas dramatique et que la culture du manioc, capable de pousser sur des sols pauvres en nutriments, reste la dernière culture possible. Comment pouvions nous avoir l’audace de nous plaindre aux pieds des côtes à 10% qui ponctuaient notre quotidien, alors que ces paysans, travaillaient, le dos courbé, à flanc de montagne.


KM PARCOURUS EN TANDEM :

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