Il nous fallut douze jours pour rouler 735 km en Pologne et atteindre l’Allemagne. Douze jours... Quatre jours: pour contourner l’enclave russe de Kaliningrad qui interdit toute entrée sans visa; pour perdre quelques degrés et gagner quelques millimètres de givre en nous enfonçant sur les routes sinueuses des hauts plateaux polonais. Deux jours: pour rencontrer Klaudia, au hasard d’un chemin, qui nous invita chez elle un midi, partager une délicieuse soupe au potiron; Emil, Aneta, Miroseaw et Roman, qui nous accueillirent pour une nuit et avec qui nous firent renaître, autour de quelques bières, le souvenir de Napoléon; Mirek, Weronika, Julia et Aurelia, qui nous ouvrirent avec beaucoup d’amitié la porte de leur maison et qui refusèrent de nous laisser partir sans glisser dans nos sacoches une saucisse sèche et un énorme jambon fumé. Un jour: pour planter la tente sur des dunes et nous endormir bercés par les vagues de la tumultueuse mer Baltique. Trois jours: pour admirer la campagne polonaise, ses lacs, ses roseaux et ses forêts et guetter les nids de cigognes en espérant très fort que l’une d’elles ait raté le départ migratoire. Un jour: pour visiter Gdansk, ses canaux, ses églises en brique et aux dômes dorés, ses marchés d’ambre et ses pubs aux odeurs d’une époque révolue qui vous servent des shots de vodka pour un euro pièce. Un jour: pour atteindre la ville de Swinoujscie: Pèlerinage de nos premières aventures en vélo des années Erasmus, lorsque Alexandre roulait en tête et criait “Ca te dit un tour du Monde en vélo dans quelques années? Et que Solenne répondait quelques kilomètres derrière “Oui oui mais sur UN vélo!”
