Nous traversâmes l’Allemagne au rythme d’une valse en battant notre mesure en trois temps passionnés qui nous conduisirent aux portes de la Hollande. Premier temps de notre traversée: plus fort, plus déplacé et plus rythmé que les deux suivants, (pas le temps de trainer): L’est de l’Allemagne! De Swinoujjscie à Hamburg, notre roulâmes 340 km en quatre jours. Il n’y eut pas une seule goutte de pluie, pas un jour sans que nous découvrîmes un petit joyau architectural et pas une soirée sans que nous soyons accueillis et adoptés par un couple de personnes âgées qui nous dorlotèrent comme leurs propre petits enfants. Ce court séjour nous prouva combien l’Allemagne de l’est, (souvent délaissée au profit des autres régions), mérite le temps d’un détour. Si nous devions vous conseiller ne serait-ce qu’une étape à ne pas manquer, nous vous donnerions sans hésiter le nom de la ville de Ratzeburg qui, située entre quatre lacs et capitale du duché de Lauenbourg, rivalise selon nous avec les charmes de la Bavière. Deuxième temps de notre traversée: plus balancé à gauche de la carte de l’Europe, plus lent que le premier; on souffle, on respire, on s’abandonne: Hamburg! A Hamburg nous retrouvâmes Amélie, une des sœurs d’Alexandre, qui n’avait pas non plus lésiné sur les kilomètres (en bus de nuit) pour nous rejoindre. C’est au rythme de chaleureuses retrouvailles que nous visitâmes tous les trois Hamburg. Sur les eaux de l’Elbe, le long des vieux entrepôts en brique réhabilités et devant l’incessante activité du port, nous eûmes l’envie de ranger le tandem et de vivre en Allemagne. Troisième temps de notre traversée: “nous nous offrons encore le temps. Il y a Brême qui bat la mesure, Brême qui mesure notre émoi, Brême qui laisse éclater notre joie...” A Brême nous rejoignîmes Pierre et Camille, des amis de Bangalore maintenant installés en Allemagne. Au “flohmarkt”, au “Biergarten” et dans les ruelles pavées de Brême nous fîmes resurgir les souvenirs de l’Inde. Nous marchions en Allemagne, mais nous avions tous les quatre le cœur à Bangalore. Bien que nous eussions déjà pédalé plus de 12 000 km, notre lieu de départ ne nous parut jamais si proche. 150 km de vélo et deux nuits sous tente en forêt nous firent quitter l’Allemagne et rentrer aux Pays-Bas. L’ Allemagne fut pour nous le temps d’une valse, bien belle, bien courte, bien trop vite achevée...
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